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Nous ne sommes plus souverains sur nos terres

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Publié le 04 février 2011 à 13h32 | Mis à jour à 13h32

Nous ne sommes plus souverains sur nos terres

Joël Nadeau
L’auteur réside à Saint-Camille, en Estrie.

C’est avec tristesse et colère que nous constatons, dans plusieurs communautés du Québec, que l’État a vendu notre sous-sol, donc les droits sur nos terres, en catimini et sans scrupules, par un vulgaire parti pris ou par un manque flagrant de jugement.

Voilà que des entreprises gazières et minières peuvent disposer de nos maisons, de nos champs et de nos nappes phréatiques, sanctionnées par une vision archaïque du développement économique et encadrées par un filet législatif bien mince.

C’est à notre tour, à Saint-Camille et à Wotton, de prendre conscience de notre vulnérabilité, alors que la compagnie Bowmore Exploration Ltd. annonce, par voie de communiqué et en anglais seulement, qu’elle souhaite y installer une mine d’or sur un modèle semblable à celui développé à Malartic.

La population manifeste une grande inquiétude en raison des nombreuses inconnues qui caractérisent cette démarche et de l’absence de garanties crédibles, tant par l’État que l’industrie, en ce qui concerne la préservation du paysage, de l’environnement et des ressources en eau potable. Pire encore, nous avons un profond sentiment de trahison de la part d’un gouvernement qui a failli à une mission fondamentale: la protection du citoyen.

Saint-Camille, en Estrie, est l’un de ces petits villages d’irréductibles qui s’est pris en main pour contrer la décroissance démographique et réinventer le développement socioéconomique sur des bases originales et durables. La vitalité communautaire, culturelle et sociale du milieu est un exemple éloquent d’une prise en charge locale qui porte fruit. L’arrivée de jeunes familles et l’implantation de petites entreprises, au cours des dernières années, sont les résultats d’une large concertation et d’initiatives innovantes. Cette dynamique est aujourd’hui compromise par l’arrivée d’un nouvel acteur, qui ne démontre de prime abord aucune compatibilité avec les orientations déterminées collectivement.

La vétuste loi sur les mines au Québec, l’étonnant empressement des entreprises à exploiter nos ressources et la quasi-carte blanche donnée par le silence du gouvernement créent, ici comme dans plusieurs milieux au Québec, une vive contradiction entre un modèle économique mono-industriel et une planification territoriale démocratique. On a encouragé le monde rural québécois à innover pour expérimenter de nouveaux modèles de développement, et aujourd’hui on lui retire le tapis sous les pieds. On nous accuse de «refuser systématiquement les grands projets» et d’ainsi nuire à l’avenir de la nation alors que c’est justement cet avenir qu’on sent aujourd’hui menacé plus que jamais.

Face à cette réalité qui s’impose à nous, plusieurs questions persistent et choquent. Pourquoi ne pas encadrer davantage une industrie reconnue pour étirer l’élastique lorsqu’il est question de protection sociale et environnementale? Pourquoi cette course gazière et minière, à ce moment-ci? Qu’est-ce qui nous démontre que nous avons là l’occasion de nous enrichir collectivement et de manière plus durable que ce que les communautés québécoises cherchent à développer? Où est passé le droit des localités à déterminer librement les orientations à donner à leur développement?

Faute de réponses à ces questions, qu’est-ce qui nous oblige à céder nos terres, maisons et ressources à des investisseurs inconnus?


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Mario Groleau

Je fais de la photo depuis l'école secondaire, c'est à dire depuis fort longtemps. J'anime un site web depuis 1997!

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